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L’agilité au service de l’humain
Dans un monde professionnel en constante transformation, les organisations qui réussissent ne sont pas nécessairement celles qui disposent des processus les plus rigides, mais celles qui savent s’adapter tout en plaçant l’humain au cœur de leurs pratiques. C’est précisément dans cette perspective que les méthodes agiles, et notamment Scrum et Kanban, trouvent tout leur sens.
Chez 1Clusif, nous défendons une vision où l’inclusion, la transmission et la collaboration ne sont pas de simples valeurs affichées, mais des principes structurants qui guident nos choix organisationnels. Les méthodes agiles incarnent cette philosophie en valorisant les individus et leurs interactions, en favorisant la transparence et en encourageant l’amélioration continue.
Cet article propose une analyse approfondie des différences entre Scrum et Kanban, deux approches qui, bien que partageant des fondements communs, divergent significativement dans leur mise en œuvre et leurs impacts sur les équipes. Notre objectif n’est pas simplement de comparer deux méthodes, mais de vous aider à choisir celle qui soutiendra le mieux votre démarche vers une gouvernance plus équitable et humaniste.
Scrum : La structure au service de la collaboration
Les fondements de Scrum
Scrum repose sur une structure temporelle définie : le sprint. Cette itération, généralement de deux à quatre semaines, crée un cadre rythmé qui permet aux équipes de se concentrer, de livrer et d’apprendre de manière régulière. Plus qu’une simple méthode de gestion de projet, Scrum propose un cadre de travail qui encourage la responsabilisation collective et l’auto-organisation.
La force de Scrum réside dans sa capacité à créer une dynamique d’équipe cohésive. Les différentes cérémonies Scrum ne sont pas de simples réunions : elles constituent des espaces de dialogue structuré où chaque voix peut être entendue, où les obstacles peuvent être levés collectivement, et où l’apprentissage devient un acte partagé.
Les rôles : une répartition claire des responsabilités
Scrum définit trois rôles essentiels qui incarnent différentes facettes de la collaboration humaniste :
- Le Product Owner représente la voix des parties prenantes et du client. Il traduit les besoins en valeur actionnable et priorise le travail en fonction de l’impact attendu. Ce rôle incarne la responsabilité de créer de la valeur tout en restant à l’écoute.
- L’équipe de développement est auto-organisée et interdisciplinaire. Chaque membre apporte ses compétences uniques tout en partageant la responsabilité collective du résultat. Cette configuration favorise l’inclusion des différentes expertises et encourage la transmission des savoirs.
- Le Scrum Master n’est pas un chef de projet traditionnel, mais un facilitateur et un coach. Son rôle consiste à créer les conditions pour que l’équipe puisse travailler efficacement, à lever les obstacles et à favoriser une amélioration continue. Ce rôle incarne parfaitement la posture bienveillante et exigeante que nous défendons chez 1Clusif.
Les différences structurelles de Scrum
Une cadence rythmée par les sprints : Contrairement à un flux continu, Scrum découpe le temps en itérations fixes. Chaque sprint commence par une planification où l’équipe s’engage collectivement sur un objectif. Cette structure temporelle crée un rythme régulier qui facilite la prédictibilité et permet aux équipes de construire une vélocité stable.
Des engagements d’équipe explicites : Au début de chaque sprint, l’équipe sélectionne un ensemble de tâches du backlog et s’engage à les réaliser. Cet engagement collectif renforce la cohésion et la responsabilisation. Il crée également une tension productive : l’équipe doit apprendre à estimer justement sa capacité, à négocier les priorités avec le Product Owner, et à collaborer pour tenir ses engagements.
Des moments dédiés à la réflexion : La rétrospective de sprint est un temps sacré où l’équipe examine sa manière de travailler. Ce n’est pas un exercice bureaucratique, mais un moment d’honnêteté collective où les problèmes peuvent être nommés et des solutions expérimentées. Cette pratique incarne l’amélioration continue chère aux principes du Lean Management.
Les forces de Scrum
Clarté des rôles et des responsabilités : La définition claire des rôles réduit les ambiguïtés et les conflits potentiels. Chacun sait qui fait quoi, qui décide de quoi, et à qui s’adresser pour quel besoin. Cette clarté est particulièrement précieuse dans les organisations qui entament une transformation agile.
Rythme régulier et prévisibilité : Les sprints créent un battement régulier qui aide les équipes à trouver leur rythme et les parties prenantes à anticiper les livraisons. Cette prévisibilité facilite la planification à moyen terme et rassure les organisations qui ont besoin de certitudes.
Culture de la transparence : Les cérémonies Scrum créent de multiples occasions de partage d’information. La revue de sprint expose le travail réalisé aux parties prenantes, la rétrospective permet d’aborder les problèmes ouvertement, et le daily meeting assure une circulation quotidienne de l’information. Cette transparence est un pilier des gouvernances partagées.
Intégration rapide du feedback : À la fin de chaque sprint, l’équipe reçoit un retour sur son travail. Ce feedback régulier permet d’ajuster rapidement la direction, de corriger les malentendus et d’apprendre continuellement. Cette boucle d’apprentissage courte est essentielle dans un environnement incertain.
Les limites de Scrum
Rigidité temporelle : La structure en sprints, bien que bénéfique, peut aussi devenir contraignante. Les changements de priorités en cours de sprint sont découragés, ce qui peut frustrer les parties prenantes habituées à la réactivité immédiate. Cette rigidité peut entrer en tension avec des environnements particulièrement volatils.
Intensité des cérémonies : Scrum demande un investissement temps important : planification, daily meeting, revue, rétrospective. Pour des équipes déjà surchargées ou pour des organisations avec de nombreuses équipes, cette charge cérémonielle peut être perçue comme un poids plutôt qu’un bénéfice.
Pression liée aux engagements : L’engagement de sprint, bien qu’il responsabilise l’équipe, peut aussi créer une pression significative. Si l’équipe surestime régulièrement sa capacité ou si les obstacles s’accumulent, la frustration monte et le bien-être de l’équipe peut se dégrader. Cette tension doit être gérée avec bienveillance.
Complexité d’implémentation à grande échelle : Scrum fonctionne merveilleusement bien pour une équipe de 5 à 9 personnes. Mais lorsqu’on tente de l’étendre à des dizaines d’équipes travaillant sur le même produit, la complexité explose. Les frameworks comme SAFe ou LeSS tentent de répondre à ce défi, mais avec un coût en termes de complexité organisationnelle.
Kanban : Le flux continu au service de la fluidité
Les origines et principes de Kanban
Kanban trouve ses racines dans le système de production Toyota des années 1950. À l’origine, c’était un système simple de signalisation visuelle : des cartes (kanban en japonais) indiquaient quand produire et en quelle quantité. Cette simplicité cache une philosophie profonde : optimiser le flux de valeur en minimisant le gaspillage et en limitant le travail en cours.
Contrairement à Scrum qui impose une structure de rôles et de cérémonies, Kanban est plus minimaliste. Il propose un ensemble de pratiques et de principes que les équipes peuvent adopter progressivement, sans bouleverser leur organisation existante. Cette approche évolutive rend Kanban particulièrement adapté aux équipes qui souhaitent améliorer leurs pratiques sans révolution organisationnelle.
Les différences structurelles de Kanban
Flux continu plutôt que sprints : La différence la plus visible entre Kanban et Scrum est l’absence de sprints. Dans Kanban, le travail s’écoule de manière continue : dès qu’une tâche est terminée, une nouvelle peut être tirée du backlog. Cette fluidité permet une réactivité immédiate aux changements de priorité, ce qui est précieux dans des environnements très dynamiques.
Limitation du travail en cours (WIP) : Le cœur de Kanban réside dans la limitation du travail en cours. Chaque colonne du tableau Kanban a une limite : l’équipe ne peut avoir qu’un certain nombre de tâches en cours simultanément. Cette contrainte, contre-intuitive au premier abord, force l’équipe à terminer les tâches avant d’en commencer de nouvelles. Elle réduit le multitâche (destructeur de productivité), expose rapidement les goulets d’étranglement, et améliore le temps de cycle.
Visualisation du flux de travail : Le tableau Kanban rend visible l’état de chaque tâche en un coup d’œil. Cette transparence radicale permet à toute l’équipe de comprendre instantanément où en est le travail, où sont les blocages, et quelles tâches nécessitent de l’aide. Cette visualisation facilite la collaboration et l’entraide.
Pas de rôles prescrits : Contrairement à Scrum, Kanban ne définit aucun rôle spécifique. L’équipe peut conserver ses rôles existants ou les faire évoluer organiquement. Cette flexibilité facilite l’adoption mais peut aussi créer de l’ambiguïté si l’équipe manque de maturité collaborative.
Amélioration continue par les métriques : Kanban s’appuie fortement sur les métriques pour guider l’amélioration : temps de cycle (combien de temps une tâche met-elle pour traverser le système), temps de traversée, débit (combien de tâches sont complétées par unité de temps). Ces données objectives permettent de prendre des décisions éclairées sur où améliorer le système.
Les forces de Kanban
Flexibilité et réactivité maximales : L’absence de sprints permet de changer les priorités à tout moment. Une urgence client peut être intégrée immédiatement dans le flux sans attendre la fin d’un sprint. Cette réactivité est précieuse pour les équipes de support, de maintenance ou travaillant dans des environnements très volatils.
Adoption progressive sans disruption : Kanban peut être mis en place sans révolutionner l’organisation. L’équipe commence par visualiser son travail actuel, puis améliore progressivement. Cette approche douce réduit la résistance au changement et permet d’expérimenter à faible risque.
Focus sur l’achèvement : La limitation du WIP crée une culture d’achèvement plutôt que de démarrage. Au lieu de lancer de multiples initiatives qui stagnent, l’équipe se concentre sur finir ce qui est commencé. Cette discipline améliore significativement la prévisibilité et réduit le stress lié aux tâches inachevées.
Visibilité immédiate des problèmes : Lorsqu’une colonne atteint sa limite WIP et que de nouvelles tâches ne peuvent avancer, le problème devient immédiatement visible. Cette exposition force l’équipe à traiter les goulets d’étranglement plutôt qu’à les contourner. C’est un mécanisme d’amélioration continue intégré dans le système.
Simplicité et accessibilité : Kanban est facile à comprendre : un tableau avec des colonnes, des cartes qui se déplacent, des limites à respecter. Cette simplicité le rend accessible aux équipes non techniques, aux petites organisations, ou aux contextes où la complexité de Scrum serait un frein.
Les limites de Kanban
Manque de structure pour les équipes immatures : La liberté offerte par Kanban peut être déstabilisante pour des équipes habituées à des cadres structurés. Sans rôles définis, sans cérémonies obligatoires, une équipe peu mature peut dériver, manquer de discipline, ou reproduire les dysfonctionnements antérieurs sous une nouvelle forme.
Risque de négligence des tâches longues : Le flux continu privilégie naturellement les tâches courtes qui traversent rapidement le système. Les initiatives stratégiques de long terme, qui ne produisent pas de valeur immédiate, peuvent être constamment repoussées au profit de tâches plus urgentes mais moins importantes. Cette tendance doit être activement contrée.
Absence de rythme partagé : Sans sprints, l’équipe n’a pas de battement régulier. Pour certaines équipes, cette absence de rythme rend difficile la planification collective, les moments de célébration des succès, ou les rétrospectives régulières. L’équipe doit créer consciemment ces moments plutôt que de les hériter de la méthode.
Métriques pouvant devenir mécanistes : Le focus sur les métriques (temps de cycle, débit) peut, s’il n’est pas accompagné d’une réflexion qualitative, dériver vers une obsession du chiffre. L’équipe peut optimiser les métriques au détriment de la qualité, de l’apprentissage ou du bien-être collectif.
Difficulté à gérer la complexité cross-équipe : Kanban fonctionne remarquablement bien pour une équipe. Mais lorsque plusieurs équipes doivent coordonner leurs flux, la complexité augmente significativement. La synchronisation entre tableaux Kanban demande une discipline et des mécanismes de coordination explicites.
Les différences fondamentales : Scrum vs Kanban
Approche du changement
Scrum : changement révolutionnaire – Scrum propose une transformation significative de la façon de travailler. L’adoption de Scrum implique généralement de repenser les rôles, d’instaurer de nouvelles cérémonies, et de changer les modes de planification. C’est une approche « big bang » qui peut créer une rupture salutaire avec des pratiques dysfonctionnelles, mais qui peut aussi générer de la résistance.
Kanban : amélioration évolutive – Kanban propose de partir de l’existant et d’améliorer progressivement. Cette approche kaizen (amélioration continue) est moins disruptive, plus facile à digérer pour l’organisation, mais peut aussi conduire à des changements plus lents et moins radicaux.
Gestion du temps
Scrum : rythme discontinu – Le sprint crée une discontinuité temporelle. À la fin du sprint, l’équipe s’arrête, livre, réfléchit, puis repart pour un nouveau cycle. Ce rythme créé des moments de respiration et de recul qui favorisent l’apprentissage.
Kanban : flux continu – Le travail s’écoule sans interruption. Il n’y a pas de fin de sprint, pas de moment naturel pour livrer ou réfléchir. L’équipe doit créer consciemment ces moments plutôt que de les hériter de la structure méthodologique.
Engagement et planification
Scrum : engagements explicites – L’équipe s’engage sur un ensemble de travaux pour le sprint. Cet engagement crée une responsabilisation collective mais aussi une pression de tenir parole.
Kanban : prédictions basées sur les données – Kanban ne demande pas d’engagement mais propose des prédictions probabilistes basées sur les données historiques. L’équipe peut estimer « Avec 85% de probabilité, nous livrerons cette fonctionnalité dans 3 semaines » en se basant sur le temps de cycle observé.
Gestion des priorités
Scrum : stabilité pendant le sprint – Une fois le sprint commencé, le périmètre est normalement figé. Les changements sont possibles mais découragés pour préserver la capacité de l’équipe à se concentrer et à livrer ce à quoi elle s’est engagée.
Kanban : flexibilité continue – Les priorités peuvent changer à tout moment. Tant que la limite WIP n’est pas atteinte, de nouvelles tâches prioritaires peuvent entrer dans le flux immédiatement.
Mesure de la performance
Scrum : vélocité – Scrum mesure la quantité de travail (en points d’histoire généralement) qu’une équipe complète par sprint. Cette vélocité permet de planifier les sprints futurs et de mesurer l’amélioration de l’équipe.
Kanban : temps de cycle et débit – Kanban mesure combien de temps une tâche met à traverser le système (temps de cycle) et combien de tâches sont complétées par période (débit). Ces métriques permettent de prédire les délais de livraison et d’identifier les goulets d’étranglement.
Structure organisationnelle
Scrum : rôles définis – Product Owner, Scrum Master, équipe de développement. Ces rôles créent une structure claire avec des responsabilités bien délimitées.
Kanban : rôles flexibles – Kanban ne prescrit aucun rôle. L’équipe peut conserver ou faire évoluer ses rôles organiquement selon ses besoins.
Choisir entre Scrum et Kanban : une décision stratégique humaniste
Le choix entre Scrum et Kanban ne doit pas être guidé uniquement par des considérations techniques, mais aussi par une compréhension profonde de votre culture organisationnelle, de vos valeurs et de votre contexte humain. Chez 1Clusif, nous croyons que toute transformation méthodologique doit servir l’épanouissement des équipes et l’inclusion de toutes les voix.
Optez pour Scrum si…
- Votre équipe a besoin de structure : Si votre équipe est relativement nouvelle à l’agilité, si elle sort d’un environnement très hiérarchique, ou si elle manque de discipline auto-organisée, le cadre structuré de Scrum peut être libérateur. Les rôles clairs et les cérémonies régulières créent des repères rassurants.
- Vous développez un produit complexe : Lorsque vous travaillez sur un produit avec de nombreuses interdépendances, des exigences évolutives mais relativement stables à court terme, et un besoin de synchronisation forte entre membres, Scrum excelle. La planification de sprint permet à l’équipe de s’aligner sur un objectif commun.
- Vos parties prenantes ont besoin de prévisibilité : Si votre organisation ou vos clients ont besoin de savoir à quelle fréquence ils verront des livraisons, Scrum offre un rythme régulier rassurant. Chaque sprint se termine par une démonstration du travail accompli.
- Vous voulez institutionnaliser l’amélioration continue : La rétrospective obligatoire à chaque sprint garantit qu’il y aura au moins un moment régulier pour réfléchir collectivement aux problèmes et aux améliorations possibles. Cette pratique inscrit l’amélioration continue dans le fonctionnement normal de l’équipe.
- Vous souhaitez développer une culture collaborative forte : Les nombreuses cérémonies Scrum créent des espaces de dialogue réguliers. Pour une organisation qui souhaite renforcer la collaboration et briser les silos, ces moments structurés facilitent l’émergence d’une culture commune.
Optez pour Kanban si…
- Votre environnement est très volatile : Si les priorités changent fréquemment, si vous êtes en mode support ou maintenance avec des demandes imprévisibles, si votre équipe doit répondre à des urgences régulières, la flexibilité de Kanban est précieuse. Vous pouvez réagir immédiatement sans attendre la fin d’un sprint.
- Votre équipe est mature et auto-organisée : Si votre équipe a déjà une forte discipline collaborative, si elle sait s’organiser sans structure imposée, Kanban lui offre la liberté de s’optimiser continuellement sans les contraintes d’un cadre rigide.
- Vous gérez des flux de travail multiples : Les équipes qui gèrent simultanément plusieurs types de demandes (bugs, nouvelles fonctionnalités, demandes clients, maintenance) peuvent bénéficier de Kanban. Chaque type de demande peut avoir sa propre file d’attente et ses propres limites WIP.
- Vous voulez minimiser la disruption : Si votre organisation est réticente au changement, si imposer Scrum créerait trop de résistance, Kanban offre une voie d’amélioration progressive. Vous pouvez visualiser votre travail actuel puis améliorer pas à pas.
- Vous privilégiez l’achèvement à la planification : Si votre problème principal est d’avoir trop de travaux commencés et peu terminés, Kanban avec ses limites WIP force l’équipe à finir avant de commencer. Cette discipline améliore rapidement la prévisibilité.
L’hybridation : Scrumban et au-delà
Il n’est pas nécessaire de choisir de manière binaire. De nombreuses équipes adoptent une approche hybride appelée Scrumban, combinant des éléments des deux méthodes. Par exemple, on peut garder les sprints et les rôles de Scrum tout en introduisant la visualisation Kanban et les limites WIP. Ou inversement, adopter le flux continu de Kanban tout en conservant les rétrospectives régulières de Scrum.
Cette flexibilité méthodologique est parfaitement cohérente avec une approche humaniste : il s’agit d’adapter les outils aux humains, non l’inverse. L’important n’est pas la pureté méthodologique mais l’efficacité au service des personnes et de la mission.
Au-delà des méthodes : vers une gouvernance véritablement humaniste
Que vous choisissiez Scrum, Kanban ou une approche hybride, l’essentiel réside dans l’intention qui sous-tend votre choix. Les méthodes agiles ne sont pas des fins en soi, mais des moyens de créer des organisations plus humaines, plus réactives et plus inclusives.
Les valeurs agiles au cœur de l’humanisme
Le Manifeste Agile énonce quatre valeurs fondamentales qui résonnent profondément avec la vision humaniste de 1Clusif :
- Les individus et leurs interactions plus que les processus et les outils : Cette première valeur place explicitement l’humain au centre. Les processus doivent servir les personnes, jamais l’inverse. Chez 1Clusif, nous défendons cette conviction : l’inclusion et l’épanouissement des personnes priment sur la conformité à un processus.
- Des logiciels opérationnels plus qu’une documentation exhaustive : Créer de la valeur concrète pour les utilisateurs plutôt que de produire des artefacts bureaucratiques. C’est une question de respect : respect du temps des équipes et respect des besoins réels des utilisateurs.
- La collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle : Construire une relation de partenariat et de confiance plutôt qu’une relation transactionnelle. Cette valeur encourage la transparence et le dialogue, fondements d’une collaboration saine.
- L’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan : Reconnaître que nous travaillons dans des environnements complexes où l’apprentissage et l’adaptation sont essentiels. Cette humilité face à l’incertitude est profondément humaniste : elle reconnaît nos limites et valorise notre capacité à apprendre.
Scrum et Kanban comme ponts vers la gouvernance partagée
Les méthodes agiles, et en particulier Scrum avec ses équipes auto-organisées, constituent souvent un premier pas vers des modèles de gouvernance partagée plus radicaux. En donnant aux équipes la liberté de s’organiser, de prendre des décisions sur la manière d’accomplir leur travail, et d’améliorer continuellement leurs pratiques, Scrum et Kanban initient un processus de décentralisation du pouvoir.
Cette décentralisation peut ensuite se développer vers des modèles encore plus participatifs comme la sociocratie ou l’holacratie, où la prise de décision collective s’étend bien au-delà de l’équipe de développement pour englober toute l’organisation.
L’importance de la transmission et de l’apprentissage
Quelle que soit la méthode choisie, son succès dépendra de la qualité de la transmission des connaissances et de la culture d’apprentissage de votre organisation. La transmission est l’une des valeurs fondatrices de 1Clusif : nous croyons que le savoir doit circuler librement, que les personnes expérimentées ont la responsabilité de former les novices, et que chacun a quelque chose à apprendre de chacun.
Les rétrospectives Scrum, les revues régulières du flux Kanban, les moments de pair programming ou de code review ne sont pas de simples pratiques techniques : ce sont des espaces de transmission où l’expertise circule, où les erreurs deviennent des occasions d’apprentissage collectif, et où la diversité des perspectives enrichit la compréhension commune.
Choisir avec intention, adapter avec bienveillance
Scrum et Kanban représentent deux philosophies différentes pour naviguer dans la complexité du travail moderne. Scrum propose un cadre structuré avec des rôles clairs, des engagements réguliers et un rythme défini par les sprints. Kanban offre un flux continu, une flexibilité maximale et une focalisation sur l’optimisation du système par la visualisation et la limitation du travail en cours.
Ni l’une ni l’autre méthode n’est intrinsèquement supérieure. Leur valeur dépend entièrement de votre contexte : la maturité de votre équipe, la nature de votre travail, les attentes de vos parties prenantes, et surtout, les valeurs que vous souhaitez incarner dans votre organisation.
Chez 1Clusif, nous vous encourageons à approcher ce choix avec une intention claire : celle de créer un environnement où chaque membre de l’équipe peut s’épanouir, où la diversité des voix est valorisée, où la transmission des savoirs est encouragée, et où la responsabilité est partagée. Que vous choisissiez Scrum, Kanban ou une approche hybride, assurez-vous que cette méthode serve cette intention et non l’inverse.
Les méthodes sont des outils. Ce qui compte vraiment, c’est la culture que vous construisez avec ces outils. Une culture d’humanisme, d’inclusion, de collaboration et d’amélioration continue. C’est cette culture qui fera la différence, bien plus que le choix entre Scrum et Kanban.
Nous vous invitons à expérimenter, à apprendre de vos succès comme de vos échecs, et à adapter continuellement vos pratiques. L’agilité véritable n’est pas dans l’adhésion rigide à une méthode, mais dans la capacité à questionner, à évoluer et à placer constamment l’humain au cœur de vos décisions.
Pour approfondir votre réflexion sur les gouvernances humanistes et les méthodes agiles, nous vous invitons à explorer nos autres ressources sur les gouvernances humanistes, le Lean Management, et les principes de la Communication Non Violente qui enrichiront votre pratique agile.
Rédigé par Jérôme Savajols